A la différence de 2020 où les reines fondatrices de frelon asiatique (gynes) étaient apparues fin février, en 2021, la première fondatrice a été piégée sur la commune de BAUGE en ANJOU et plus particulièrement au lieu-dit la « Rainière » à PONTIGNE le 20 mars 2021. Cette émergence tardive est probablement due à un début d’année 2021, plus rigoureux et surtout plus long. Les beaux jours venant, il est probable que cette émergence s’accélère et que « le piégeage de printemps » y trouve son intérêt, pour limiter la prolifération des nouvelles colonies de ce dangereux prédateur de la biodiversité. Au 31 mars 2021, l’observatoire de Bauge en Anjou comptabilise déjà plus de 20 reines fondatrices, potentiellement détruites.

Bien entendu si la lutte contre le frelon asiatique est l’affaire de tous, il n’en demeure pas moins que nous ne devons pas tout détruire, en piégeant de manière inconsidérée. Si l’Association Sanitaire Apicole de Maine et Loire a décidé d’abandonner les pièges « bouteille» au profit des pièges « nasse », plus sélectifs, c’est essentiellement pour protéger le monde des insectes déjà si durement touché par l’activité humaine.
Plus de 80% des espèces d’insectes auraient disparues et avec eux, bien entendu, leurs prédateurs naturels : les oiseaux.

Malgré cette triste réalité, de nombreux articles circulent dans les médias vantant le « mérite » des pièges « bouteille », peu coûteux et dont internet se fait l’écho, en publiant de nombreux tutos,  malheureusement souvent « fantaisistes », mal conçus et dangereux pour les insectes à protéger et à préserver.
Certaines collectivités n’hésitent pas non plus à inciter leur population à piéger le frelon asiatique avec ce type de matériel, sans en mesurer les conséquences néfastes.

Si néanmoins vous souhaitiez persévérer dans cette pratique, quelques conseils peuvent vous éviter de créer le pire, et ce, quel que soit le type de piège « bouteille » :

  • Le trou d’entré doit avoir un diamètre de 9 à 10 mm, maximum
  • Les trous permettant la sortie de insectes, captifs malgré eux, doivent être nombreux et avoir un diamètre de 5 à 6 mm maximum
  • Tous les trous doivent être percés avec un outil adapté et chauffé de manière à ce que les bords des trous des bouteilles plastiques, soient arrondis et ne blessent pas les ailes des insectes qui entrent par erreur et ne manqueront pas d’essayer de sortir.
  • Si l’appât, placé au fonds de la bouteille, n’est pas isolé des insectes « pilleurs », il est important d’ajouter des billes d’argile ou des graviers de manière à ce que nos « imprudents » ne se noient pas.
  • A la sortie de leur hibernation les reines ont besoin de reconstituer leurs réserves et de nourrir leurs progénitures. Elles sont particulièrement voraces, et demandent beaucoup de sucre. Il peut être pertinent et recommandé d’augmenter la proportion de produit sucré : ¼ bière, ¼ vin blanc sec,1/2 sirop cassis ou grenadine (+ sucre dissout ou confiture par exemple).
  • Placer le piège à un endroit ensoleillé, à 1,5m de hauteur pour éviter la curiosité des enfants, et surtout ne pas hésiter à le déplacer en fonction de l’avancement de la floraison des fleurs du jardin.
  • Ne pas vider le piège avant le mois de mai, ni tuer les frelons piégés, car ceux-ci émettent des phéromones qui attirent leurs congénères.

Quoiqu’il en soit, les apiculteurs amateurs et professionnels du Maine et Loire, les amoureux de notre belle nature, vous remercient de votre soutien, mais souhaitent que le piégeage de printemps n’aggrave pas la situation « désastreuse » de la biodiversité de notre beau département.

Alain Guerlet pour la commission Défense de l’Abeille.